Visite d’un petit coin de paradis numérique : l’école Madeleine-Bergeron
Au cours de l’hiver, Marie-Hélène Demers, CP au Service national du RÉCIT de l’inclusion et de l’adaptation scolaire, a eu le privilège de visiter l’école Madeleine-Bergeron, un établissement spécialisé du centre de services scolaire des Découvreurs (CSSD) à Québec. Cette école à mandat suprarégionale accueille des élèves, de 5 à 21 ans ayant une déficience motrice ou une maladie organique nécessitant un suivi médical ou une réadaptation, avec une approche pédagogique hautement adaptée. Cette année, cette école accompagne environ 120 élèves répartis dans 17 classes. Pour répondre aux particularités de chacun, l’école couvre 6 programmes de formation. En tout, ce sont 18 professions différentes qui contribuent à la vie scolaire des jeunes. La visite de ce milieu de vie coloré et chaleureux ne laisse personne indifférent. Marie-Hélène a été charmée par tous ceux qui l’ont accueillie. Un merci spécial à Mme Lauriane Sylvestre-Grenier, enseignante d’un groupe du secondaire, qui l’a accompagné tout au long de cette journée.
Le numérique au service des apprentissages
Marie-Hélène a été accueillie, en début de journée, par les élèves de la classe de Mme Laurianne. Chacun y travaille à son rythme et de façon autonome à son ordinateur. Tous les appareils sont adaptés aux besoins spécifiques des jeunes. Les outils varient : claviers adaptés, pointeurs frontaux permettant le contrôle par le mouvement de la tête, ou encore diverses fonctions d’aide technologique. L’accessibilité des ressources éducatives numériques devient alors essentielle pour favoriser leur autonomie. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l’autoformation Produire des ressources numériques accessibles sur Campus RÉCIT ainsi que le guide RENA sur le site web du RÉCIT IAS.
Marie-Hélène a pu constater que l’intégration du numérique s’étend à bien d’autres disciplines, comme en musique, dans la classe de Mme Marie-Dominique Boivin, où des appareils interactifs permettent aux élèves de ressentir et de créer de la musique à travers des capteurs tactiles, des fauteuils et des coussins vibrants au rythme de la musique ou des systèmes lumineux (cubes et colonnes d’ampoules, par exemple). La classe de musique a également la chance de posséder La Frog touch. Celle-ci permet de faire des notes, de la musique, des bruitages, grâce au toucher et par la peau, sans instruments ni connaissances en musique. Le tout, avec de simples capteurs.
Des outils numériques pour la communication
Lors de cette visite, Marie-Hélène a pu constater un usage intégré du numérique un peu partout et pour tous, mais différencié au maximum selon les besoins de chacun. Ici, ce ne sont pas les élèves qui s’adaptent aux standards scolaires; ce sont les adultes qui s’adaptent à chacun d’eux, de façon unique.
Les jeunes ayant des défis dans le domaine de la communication, plusieurs technologies sont mises à profit : Go Talk Now et TD Snap sur tablettes pour l’expression orale, l’appareil Step-by-Step pour permettre une communication par enregistrement audio entre l’élève et son environnement, ainsi que divers boutons poussoirs interactifs reliés à divers appareils et qui permettent de déclencher des stimulations sensorielles. Les tablettes numériques sont aussi utilisées pour offrir aux élèves des activités de stimulation sensorielle et d’apprentissage. Par la création de vidéos et de diaporamas, les élèves bénéficient d’expériences multimédias enrichissantes et personnalisées.
Une approche innovante en français
En après-midi, Marie-Hélène assiste à une activité de français au secondaire, où les élèves travaillent à la création d’un récit numérique. En groupe, ils avaient préalablement rédigé collectivement des descriptions de scènes. Lors de son observation, l’enseignante, suivant les suggestions de ses élèves, utilise l’intelligence artificielle de Canva pour générer les images correspondant aux différentes parties du texte collectif de ces derniers. L’exercice amène les élèves à développer avec plus de précision les caractéristiques physiques, émotionnelles et contextuelles des personnages afin d’assurer la cohérence visuelle du récit. Cette démarche développe chez eux des compétences en communication, en collaboration, en argumentation et en résolution de problèmes. Par la suite, les élèves enregistreront leur propre voix pour assurer la narration de leur histoire, enrichie d’effets sonores, avant d’offrir leur création aux plus jeunes élèves de l’école.
Un appel à l’innovation et à la collaboration
L’aventure de Marie-Hélène se termine par l’observation d’une classe d’élève du secondaire ayant une déficience intellectuelle profonde (DIP). Bien que le numérique soit bien utilisé dans cette belle classe, on constate le grand manque de ressources éducatives adaptées pour les élèves ayant une DI. Cela demeure un défi en tout temps. Cette visite souligne l’importance de cocréer et de codévelopper du matériel pédagogique numérique inclusif en mettant en commun les expertises de tout un chacun. Se rallier ensemble permettrait de multiplier l’accès à des contenus pédagogiques numériques variés, sur mesure et actualisé.
L’expérience vécue à l’école Madeleine-Bergeron est une démonstration inspirante de la dimension 8 de la compétence numérique : mettre à profit le numérique en tant que vecteur d’inclusion et pour répondre à des besoins diversifiés. Loin d’être une contrainte, le numérique devient ici un levier puissant pour répondre aux besoins diversifiés de tous les élèves de cette école. Cette visite fut une merveilleuse occasion de découvrir un milieu bienveillant, engagé et différencié où les élèves s’épanouissent grâce aux membres du personnel de cette école.
Peut-être est-il temps de nous interroger : ne serait-ce pas nos propres biais qui limitent l’exploitation du numérique dans nos pratiques pédagogiques ? Une réflexion à poursuivre entre collègues !