La robotique pour les EHDAA

La programmation et la robotique n’ont plus besoin de faire leurs preuves quant au potentiel du développement cognitif de nos élèves.  La résolution de problème est au coeur même des activités de robotique et permet aux élèves d’avoir une rétroaction immédiate sur leurs actions.  Ces gains pédagogiques n’excluent pas nos élèves HDAA, au contraire.  La robotique offre des situations d’apprentissage par approche inductive dans lesquelles les élèves différents développent leurs capacités cognitives.  Par ailleurs, au fil des expérimentations, le développement des habiletés socio-affectives auprès de ce type d’élèves se sont révélées.  En comparant trois types d’activités de programmation et de robotique qui ont eu lieu sur une période de 30 ans, il a été possible de mettre en corrélation les observations faites sur le comportement et les attitudes des élèves.

(Différencier avec la robotique (2019), Diapositive 23, Jean Chouinard et Marie-Josée M.-Harnois, Journée du numérique en éducation, https://monurl.ca/8novam. )

1re observation : Le gout de relever des défis

Une fois que les élèves aient reçu les notions techniques du fonctionnement des robots, il ne tarde pas de les voir faire des tentatives pour explorer le potentiel de la machine.  Pour les soutenir dans leur exploration, l’enseignant peut proposer des défis de programmation qui permettent aux élèves de constater l’éventail de possibilités.  La motivation de découvrir et de créer est au rendez-vous !   Idéalement, les défis de programmation sont faits en progression et augmentent en complexité.  Chaque élève peut aller à son rythme et peut proposer des solutions différentes pour chacun des défis.  En plus d’augmenter le gout du dépassement de soi, la robotique laisse l’espace souhaité à la différenciation pédagogique.  En ayant accès au processus de l’élève (écrit ou oral), il est facile pour l’enseignant de prendre des traces pour contribuer au développement de compétence de ses élèves.

2e observation : La responsabilisation

Maintenant que les élèves sont bien accrochés à l’activité de robotique, il a été observé, sur les projets ciblés annoncés en début d’article, que les élèves se sentent rapidement responsables de leur robot.  Sans intervention de l’adulte, les élèves s’assurent que leur outil de travail est rechargé et que le matériel nécéssaire pour réaliser les défis est bien rangé.  Bien sûr, un enseignement a été fait en amont, accompagné de consignes claires.  Rapidement, le soutien de l’adulte n’est plus nécéssaire.  Le robot devient précieux aux yeux des élèves parce qu’ils reconnaissent la valeur ajoutée de l’outil sur leurs apprentissages.  Par exemple, en classe de trouble de comportement, aucune agressivité n’a été observée sur les robots, même quand le droïde ne suivait pas ce que l’élève souhaitait le voir réaliser.

3e observation : Le droit à l’erreur

Les élèves HDAA doivent souvent conjuguer avec un sentiment de fragilité dans leur vécu scolaire.  Combien d’élèves en classe d’adaptation scolaire ai-je observés qui se sont découragés devant un nouvel apprentissage, sachant très bien qu’il leur serait ardu pour eux/elles d’accomplir la tâche demandée.  Recommencer fait partie de leur karma.  L’erreur est perçue négativement puisqu’elle demande implicitement un effort cognitif supplémentaire.  Or, avec la robotique, la perception de l’erreur par l’élève en difficulté est étrangement différente : elle permet de rebondir et de s’améliorer.  L’élève assume son erreur puisque le robot ne fait qu’exécuter les commandes données par l’utilisateur.  En réalité, l’élève ne se sent pas jugé par le robot.  Du coup, l’estime de soi est revigorée et l’anxiété diminue.  En activité de robotique, l’élève observe qu’il n’a pas tout faux.  De manière très visible, il peut détecter la partie de la programmation qui va et la partie de la programmation qui ne va pas.  Que dire de la fierté qu’éprouve l’élève qui réussit son défi sur lequel il a travaillé et réfléchi !   Il arrive au succès et à la réussite par les erreurs qu’il a commises et qui l’ont guidé dans sa résolution de problème.  L’erreur prend alors une connotation positive.

Pour aller plus loin pédagogiquement …

À mon avis, la robotique nous aide, les intervenants scolaires, à nous tirer vers le haut pédagogiquement.  Cette activité avec le numérique nous positionne différemment face à la démarche d’apprentissage des élèves.  En effet, la programmation et la robotique obligent l’enseignant.e à prévoir une planification appuyée sur une démarche inductive.  L’intention pédagogique doit être très bien définie, comme toujours, mais le chemin pour accompagner les élèves à atteindre les attentes est loin d’être unique.  L’apprentissage se construit selon le profil de chaque individu.  Le plus intéressant, c’est de voir le potentiel de chaque élève se révéler.  Un autre regard pédagogique émerge au moment où la robotique entre dans la classe : le constat de la valeur ajoutée du travail d’équipe.  La collaboration entre les pairs permet l’émergence de l’intelligence collective au sein de la classe.  Les élèves échangent leurs idées et de ces échanges, jaillissent de nouvelles idées.  L’enseignement par les pairs vient au monde graduellement, au fur et à mesure que les défis avancent dans le temps.  Le contexte nous offre donc des situations de communications orales en interaction et en prise de parole individuelle.  Pourquoi ne pas en profiter pour enseigner explicitement les demandes d’aide, la formulation adéquate d’un commentaire constructif ou l’organisation des idées ?

En conclusion

Il est étonnant de constater comment le numérique peut agir sur le développement de la personne et ce, sur plusieurs dimensions.  Ce développement du savoir, du savoir-faire et du savoir-être s’opère dans la pédagogie par le jeu et les élèves n’y voient que du feu.  En tout honnêteté, les adultes se font prendre également au jeu.  Pourquoi ne pas apporter un de ces sympathiques robots à la maison pour un weekend, juste pour voir?  Vous comprendrez alors tout le potentiel pédagogique de la programmation et de la robotique.

Applications pour s’initier à la programmation :

Run Marco !

Tortue logique 2

Tynker : Coding for kids

Scratch Jr

Marie-Josée M.-Harnois

Conseillère pédagogique