
La différenciation pédagogique et le concept de modification
Le réseau scolaire est appelé à mettre en place diverses interventions et à respecter divers principes pour répondre aux besoins et aux capacités de tous les élèves. Parmi ceux-ci, la différenciation pédagogique vise notamment à assurer la progression et la réussite éducative de chaque élève dans le respect de sa spécificité. Pour y parvenir, des interventions allant des plus universelles aux plus spécifiques sont mises en place au cours des processus d’apprentissage et d’évaluation :
- La flexibilité pédagogique permet d’offrir des choix favorisant les apprentissages de l’ensemble des élèves ;
- La mesure d’adaptation, inscrite au plan d’intervention, est une mesure d’aide, technologique ou non, qui permet à l’élève rencontrant des difficultés persistantes de surmonter ou d’atténuer ces dernières en poursuivant les apprentissages et exigences du programme ;
- La modification des attentes est une mesure exceptionnelle, inscrite au plan d’intervention, qui permet à l’élève de poursuivre le développement des compétences du programme même s’il n’est pas en mesure de répondre aux exigences, et ce, dans une ou plusieurs disciplines scolaires.
C’est donc dire que la mise en modification est une décision analysée rigoureusement qui implique diverses interventions pédagogiques, pédagonumériques ou orthopédagogiques : “C’est à travers la démarche collaborative du plan d’intervention que sont déterminées les attentes propres à l’élève pour répondre à ses besoins. Ainsi, l’enseignant ne décide pas seul de recourir à cette modalité1”. En effet, le plan d’intervention nécessite une démarche dans laquelle les parents sont obligatoirement impliqués selon la loi de l’instruction publique.
Ensuite, il apparait important de contextualiser le terme réussite dans le cas d’une modification des attentes : “Cette modalité permet de cibler ce qu’il est approprié de développer chez l’élève à partir du PFEQ. Cela signifie qu’une réussite différente est prévue pour lui, comparativement à celle qui est envisagée pour l’ensemble des élèves québécois de ce niveau scolaire dans une ou plusieurs matières2”. Si cette réussite est différente, elle n’en demeure pas moins une réussite. Elle fait foi de sa progression vers l’atteinte des cibles établies dans son plan d’intervention ; un code matière différent est alors inscrit au bulletin pour faire mention de la modification.
Finalement, bien que la modification puisse avoir un impact certain sur le parcours scolaire de l’élève, elle n’est pas une fin en soi. En effet, la situation se doit d’être révisée périodiquement et adaptée aux besoins de l’élève en suivant son développement : selon l’analyse de son dossier, l’élève se dirigera vers un parcours adapté ou vers le parcours régulier. Les modifications au bulletin sont alors déterminées en s’appuyant sur le programme de formation de son âge chronologique. Cette nuance est importante : l’élève devrait réaliser les mêmes activités d’apprentissage et d’évaluation que les autres de sa classe. Des attentes personnalisées pour l’élève, à partir des exigences du PFEQ, déterminent alors l’enseignement et l’évaluation pour la matière visée3.
Bref, la modification est une mesure exceptionnelle qui doit s’appuyer sur une démarche rigoureuse. Il est parfois complexe pour les milieux d’appliquer les règles de la modification à cause de différents paramètres présents dans le quotidien des écoles. Toutefois, il est notoire qu’une telle mesure puisse affecter les trajectoires de vies des êtres humains en développement sous la responsabilité des intervenants scolaires.